Un métier à risques [Ouvert]

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Équipée de son appareil photo dernier cri, June se préparait à prendre de nouveaux clichés d'une transaction douteuse. Tout le monde soupçonnait tout le monde de travailler pour le compte d'un agent du F.B.I, ce qui était un métier à risques mais, présentant de gros avantages. John veillait à ce qu'elle n'ait pas besoin de payer les PV qu'elle ramassait à pelle, en échange de quoi, June lui donnait le maximum d'informations sur les dealeurs, les nouvelles drogues sur le marché et d'autres petites anecdotes. Ce soir là, elle avait eu un tuyau sur une prochaine transaction et s'y rendit discrètement, garant sa moto au loin et à l'abri des regards indiscrets. Elle chercha un moment après une place idéale et bingo ! De là, elle pourrait prendre des clichés superbes ! Ça tombait bien, c'était la seule chose qu'elle était capable de faire correctement. Elle les attendit un moment et resta campée sur ses positions jusqu'à ce qu'elle les vit apparaître. June ne put s'empêcher d'écouter leur petite conversation tout en prenant des clichés, c'était sa dernière œuvre en tant que taupe. Après, elle irait dire à sa bande qu'elle arrêtait les conneries. June allait bientôt atteindre le cap de la quarantaine et elle n'avait aucune personnalité, son reflet dans le miroir faisait vraiment peur à voir et à cause des informations qu'elle fournissait à John, les doses se faisaient de plus en plus rares et donc de plus en plus coûteuses. Elle ne pouvait plus subvenir à ses "besoins" avec son salaire minable... L'un des membres commença à sortir son arme et à tuer ceux des clans rivaux avant de s'enfuir à toute jambe... Sursautant, la junkie les écouta une dernière fois avant de retourner à sa moto en courant pour enfin prendre la route de son appartement minable, elle était complètement bourrée lorsqu'elle avait signée le bail mais, le loyer était convenable.

La jeune femme ouvrit son ordinateur portable et brancha la carte mémoire sur ce dernier, avant d'observer les photos, un sourire aux lèvres... Il allait être ravi. June s'empara d'une enveloppe et y inscrivit le nom de John Morrow ainsi que l'adresse du siège de l'agence avant d'y glisser la carte mémoire qui regroupait toutes les photos prises depuis le début de son enquête pour le compte de John suivit d'un petit mot "Comme je l'avais prédit, les clans s'entretuent, ils deviennent complètement incontrôlables, ce n'est qu'une question de temps avant que le sang coule à flots dans nos rues. Je ne peux pas prendre le risque d'être vue en votre compagnie et je compte bien mettre un terme à tout ça avant que ça dégénère et que je me retrouve avec une balle logée en pleine tête comme ces trois hommes sur les derniers clichés que je vous envoie. Vous avez ainsi la preuve que vous attendiez tant... Je ne pouvais quand même pas tout vous donner tout de suite, sinon vous m'auriez laissé tomber comme tous les autres et j'aurais eu encore plus de mal à me fournir en drogues. Adieu. June."

Délaissant son appartement quelques instants, elle se dirigea en marchant jusqu'à la boîte aux lettres situées quelques mètres plus loin. L'ambiance était calme, trop calme mais, elle n'eut pas le temps de se retourner qu'ils étaient déjà tous là.

"Alors June, tu ne viens pas dire bonjour à tes amis ?"

"Je n'en ai pas..."

"Oh ! Voyez-vous ça ? Toujours en train de vouloir jouer les dures..."

"Je compte décrocher."

En voila une chose qu'elle n'aurait pas dû dire mais, June était connue pour son franc parlé. Les visages des hommes qui se tenaient devant elle changèrent de couleurs et une même colère s'afficha sur leur visage détruit par l'excès de stupéfiants. Sans crier gare, ils se jetèrent tous sur elle, ne lui laissant pas le temps de s'enfuir et la rouèrent de coups. Crac ! Une côte cassée, crac ! crac ! le nez et l'arcade, crac ! une autre côte qui lui perfora le poumon en lui arrachant un cri de douleur qui la faisait souffrir encore plus. Ils continuèrent à lui taper dessus jusqu'à la laisser à moitié morte sur le trottoir. Il était trois heures du matin et même si le temps était idéal, elle tremblait parce qu'elle était en état de choc et qu'il lui fallait sa dose. June était vraiment mal en point et son portable était tombée trop loin pour qu'elle s'en empare. Elle resta ainsi durant un bon moment avant de sombrer dans l'inconscience.

C'était un gros désavantage à être agent pour la CIA. L'habitude d'être réveillée à des heures non décentes restait, même lorsqu'on était en vacance. Ainsi, on pouvait sans problème être victime d'insomnie, alors même qu'on était supposée se reposer, profiter de quelques heures libres chèrement gagnées – n'était-ce pas pour ça qu'Ileen s'était éloignée de McLean? -.
Mais non. Encore une fois, elle ne pouvait se coucher. Comme si son corps réclamait sa dose d'adrénaline. Elle sourit un court instant à cette idée. Voilà qu'elle se mettait à parler comme une droguée. Le pire étant que c'était la vérité. Toutes ses cellules souffraient d'un manque d'excitation, et sa matière grise d'un repos qu'elle ne cautionnait pas. Était-ce mal? Était-elle devenue un robot, incapable de s'éloigner de l'agence même pour deux petits jours de repos? Etait-elle comme tout les autres? Métro, boulot, dodo – à l'exception prés que son métro n'en était pas réellement un .. -?

Ainsi, vous comprendrez aisément qu'Ileen ne pouvait se coucher à une heure décente. Ses jambes réclamaient des kilomètres, et elle avait besoin d'air frais. Autant profiter de la ville où elle avait élu domicile pour son week end. Elle dégringola donc les escaliers de l'hôtel, sourit au passage au gardien qui eût un air étonné – quelle cliente pouvait se décider à cette heure là à sortir? - et se glissa hors du grands bâtiment.
A peine dehors, elle fût accueillit par un courant d'air, qui lui arracha un frisson. Et un sourire, par la même occasion. Voilà qui était mieux. Dehors, elle était chez elle. Le luxe, même restreint, d'où elle logeait pouvait la gêner, quand bien même elle se paye elle même ses deux jours. Là, dans la rue, elle pouvait laisser libre court à ses habitudes, se fondre dans le noir et marcher, marcher jusqu'à ce que la fatigue réussisse à la faire bailler. Là, seulement, elle ferait demi tour et retournerait dans sa chambre pour s'endormir paisiblement. Avec un peu de chance même elle ne rêverait pas.

De ce fait, elle déambula parmi les rues, sans même savoir où elle allait. Comptait-elle sur son instinct pour retrouver sa route ensuite? Sans doute. Peut-être. Ileen ne savait pas. La seule chose dont elle était sûre, pour l'instant, c'est qu'il fallait qu'elle marche, qu'elle continue inlassablement sa promenade nocturne – promenade qui pouvait s'avérer dangereuse, selon les nuits, selon les villes -. Elle n'avait même pas prit d'arme avec. Rien que sa motivation, son envie et sa soif de découverte.

Rapidement, des bruits attirèrent son attention, et elle regretta de n'avoir tout de même rien prit pour se défendre. Même si elle était sûre de pouvoir se battre à main nu un minimum, Ileen savait aussi qu'elle ne faisait guère le poids contre une bande, ou même contre un seul homme bien baraqué. Elle savait qu'en un rien de temps, elle pouvait devenir fragile, et ne tenait pas spécialement à mourir ici, dans une ville qu'elle ne connaissait pas.
Cependant, c'était mal connaître la miss que de croire qu'elle allait laisser d'étranges bruits percer la nuit sans chercher à en savoir plus. Sa curiosité l'emporta avant même qu'elle ne se pose la question, et elle s'avança. Un macabre spectacle l'attendait, deux intersections après …

Malheureusement, elle n'avait été assez rapide pour intercepter les voyous. De toute façon, elle n'aurait rien pût faire. Ils étaient trop, elle était seule, sans rien pour paraître moins fragile. Et dès qu'elle vit la femme qui était laissée pour morte, elle déglutit légèrement, avant de blanchir. Bon Dieu, que s'était-il donc passé ici!
Mais avant de se poser la question, il fallait réagir. Bondissant aussi vite que possible, elle vint se poser à côté de l'inconnue, et vérifia rapidement qu'elle respirait. Inconsciente, mais en vie. Donnez moi un Alléluia! Attrapant son téléphone, elle composa le numéro des urgences, s'astreignant à ne pas paniquer. Après tout, en mission, elle avait vu pire? Il fallait donc rester calme. Quelques minutes après, elle donnait sa position, la nature globale de la blessure de la victime, et devait attendre l'arrivée d'une unité d'urgence.

Aussitôt appelé, Ileen glissa son portable dans sa poche, et s'accroupit à côté de la femme. Sa main se glissa délicatement sous la tête de celle là, alors qu'elle la mettait en position de sécurité. Comme quoi être à l'agence pouvait avoir des avantages, puisqu'elle y avait apprit ces quelques gestes. Une nouvelle fois encore, elle vérifia la respiration de la femme, puis délicatement, murmura

« Miss? Miss, est-ce que vous m'entendez? Pouvez-vous réagir? »

Pendant quelques secondes, il n'eût rien. Elle gronda légèrement entre ses dents, et s'affaira à retirer le haut de l'inconnue, le déchirant sans y réfléchir avec le canif qu'elle portait toujours sur elle. Vieux cadeau entrain de sauver la vie d'une inconnue. Ce qu'elle vit la fît blanchir une nouvelle fois. A vu de nez, deux côté cassées, dont une profondément. L'arcade et le nez ne devaient être dans un meilleur état.
Sa voix, un peu plus anxieuse, se remit à l'appeler.

« Miss? M'entendez-vous? Les secours vont arriver. »

Et miracle, comme si l'inconnue l'avait entendu, elle se mit à gigoter, à gémir, prononçant quelque chose qu'Ileen ne pût entendre la première fois. Elle se pencha alors, fronçant les sourcils.

« Miss? N'ayez crainte, je suis là pour vous aider. Les secours arrivent. »

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Là où elle se trouvait, June ne percevait pas la douleur mais, son corps avait subit des dommages importants comme le poumon perforé par l'une de ses côtes. Argh ! Ils ne l'avaient pas loupé et ils si elle n'était pas morte au petit matin, ils se chargeraient sûrement de terminer le travail. Pour l'heure, elle était plongée dans le noir le plus total, ignorant si elle était morte ou encore en vie. Tout ce qu'il y avait autour d'elle avait disparu tant et si bien qu'elle n'entendit pas du tout la jeune femme venue à son secours et qu'elle ne l'entendit pas non plus contacter les secours. En réalité, elle continuait à croire que sa dernière heure était arrivée. Une légère brise souffla sur sa peau et les paroles de l'inconnue lui parvint aux oreilles. Elle ouvrit légèrement les yeux mais, sa vision était trouble et même la faible lumière du réverbère agressait sa vue. June poussa un gémissement et lâcha un juron à mi-voix que la jeune femme ne sembla pas entendre.

Citation :: « Miss? N'ayez crainte, je suis là pour vous aider. Les secours arrivent. »

« Ils vont me tuer de toute manière alors qu'est-ce que ça change ? »

Le souffle de l'inconnue était encore régulier, bien que laborieux. Compréhensible, lorsqu'on voyait l'état des côtes de la demoiselle …. qu'avait-elle donc fait pour mériter une telle douleur? On l'avait salement amoché, et Ileen se demandait même si un jours elle ne porterait plus une cicatrice de la rencontre qu'elle devait avoir fait cette nuit là. Mais Dieu, qu'avait-elle fait pour s'attirer une telle foudre? Si une enveloppe ornait le sol un peu plus loin, la recrue de la CIA n'osait n'abandonner ne serait-ce qu'une seconde l'inconnue. Non. Ileen ne pouvait laisser, se devait de rester là pour tenter de la faire revenir dans la lucidité. Interdiction de perdre une civile, même alors qu'elle n'était pas en mission.

Toute cette agitation avait chassé la moindre parcelle de fatigue du corps d'Ileen. Maintenant, elle était en alerte, et c'est pourquoi elle saisit les quelques mots à peines prononcés par l'inconnue. Aussitôt, elle ouvrit des yeux étonnés, cherchant à savoir qui pourrait en vouloir autant pour aller jusqu'au meurtre. Une bande contre une autre? Non, elle ne semblait pas de là. Une droguée qui pourrait devoir de l'argent? C'était déjà plus imaginable. Ce n'était cependant pas le temps pour les questions, et elle devait pour l'instant maintenir dans un état stable et conscient l'inconnue.

« Tout ira bien. Je vous le promets. Ils ne vous toucheront plus, qui qu'ils soient. »

« Ils arrivent. Que s'est-il passé? Avez-vous vu vos agresseurs? »

« Je tiens à rester avec elle ... »

Et ça passa.

Il eût un long temps où elle ne pût rien faire. Deux, trois heures peut-être, où elle fût tentée de dormir, mais pendant lesquelles elle s'obligea à refuser cette idée. Après tout, elle avait promit que rien n'arriverait à la femme qu'ils surveillaient. Alors .... alors, elle se devait de rester en forme, prête à réagir, et dormir n'était sûrement pas la meilleur solution qui soit.
Le soleil pointait le bout de son nez au dehors quand, enfin, on lui annonça qu'elle pouvait faire une rapide visite à l'inconnue, qui semblait enfin stabilisée dans son état.

Entrant avec un grand sourire dans la pièce trop blanche à son goût, elle s'approcha du lit.

« Êtes-vous mieux? Je .. Je ne vais sûrement pas pouvoir rester longtemps, à moins que vous ne leur mentiez, puisqu'ils estiment que vous avez besoin d'un bon sommeil. Enfin. Vous m'avez fait plutôt peur, hier soir! »

Ce n'était, pour une fois, qu'un demi mensonge. Ileen avait eût plus peur de la perdre qu'autre chose, parce que voir quelqu'un mourir n'était jamais une bonne expérience. Jamais quelque chose de … motivant.

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La respiration douloureuse, June entendit à moitié les paroles prononcées par l'inconnue et n'eut pas la force d'y répondre, les coups que lui avaient porté les agresseurs au niveau de son crâne l'avait sonné plus que de raison. Ses lèvres bougeaient mais, aucun son ne parvint à franchir la fine barrière de ses lèvres entaillées et couvertes de sang. Au bout d'un moment, elle se sentit surélevée du sol et entendit la conversation entre l'inconnue et le pompier, fronçant légèrement les sourcils dans son sommeil, elle se demanda pourquoi la jeune femme tenait tant à rester auprès d'elle. Ce n'était pas vraiment conseillé, elle pourrait lui attirer des ennuis et ce n'était pas le but de June. Elle avait toujours agi seule, une vraie solitaire et le fait qu'on s'intéresse à elle semblait l'intriguer autant que cela l'effrayait.

Elle ne se réveilla même pas lorsque les infirmières de l'hôpital où elle avait été transportée poussèrent son lit dans une chambre isolée et lui administrèrent des calmants et des anti-douleurs en ayant parfaitement conscience que June était une junkie, ça se voyait à son teint livide et à ses tremblements, signe qu'elle était en manque et que bientôt, elle ne répondrait plus d'elle. La jeune femme se réveilla quelques heures plus tard, alors que le Soleil venait tout juste de percer entre les nuages et d'effleurer son visage. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, ceux-ci se posèrent sur la jeune femme qu'elle voyait plus nettement. Assez grande, cheveux châtains... June ne pouvait s'empêcher de la comparer à elle, l'inconnue était plus belle, mieux entretenue que la junkie qui ne ressemblait plus à rien. La seule étincelle de vie était ses yeux, d'une couleur profonde.

L'inconnue prit conscience qu'elle était réveillée et l'interrogea sur son état de santé.

Citation :: « Êtes-vous mieux? Je .. Je ne vais sûrement pas pouvoir rester longtemps, à moins que vous ne leur mentiez, puisqu'ils estiment que vous avez besoin d'un bon sommeil. Enfin. Vous m'avez fait plutôt peur, hier soir! »

"J'ai simplement l'impression que mes neurones sont grillés. Désolée et merci mais, vous ne devriez pas rester auprès de moi, ils risquent de revenir et cette fois-ci, ils ne vont pas me louper."